dimanche 20 octobre 2013

Mémoire d’automne

C’est un doux dimanche d'automne, quand l’été ne veut pas finir et que tu te raccroches au souvenir d’autres dimanches plus chauds, d’autres caresses que celles d’un soleil pâle et tiède sur tes frêles épaules à peine recouvertes. Tu a croisé les doigts et posé tes mains sur le carnet refermé où sont notés les événements du jour, les courses du matin, ce qu’il faudra penser à ranger avant la nuit, les téléphones aux amies, ce dimanche, c’est le tour de C***, tu as même écrit pour ne pas l’oublier ce que tu devais lui demander, quelle était donc cette foutue date où tu étais rentrée sans elle à l’appartement parisien pour ne pas éveiller les soupçons… C'est important, ta mémoire te joue des tours. Mais s’en souviendra-t-elle ?
Sur l’autre rive du lac que tu rejoignais autrefois pour vingt sous par le bac, tu le revois marcher à ton bras de son pas lent tout en te racontant sa dernière trouvaille, un bouquin qu’il a sauvé de l’oubli en l’extirpant des entrailles d’un casier vert, en bord de Seine, quai Malaquais. Qu’est devenu ce trésor ? Vendu peut-être, lui aussi.
La lumière se détend, s’endort presque, une moiteur fraiche monte du lac, il faut rentrer.  Prendre les dernières caresses du soir sur le chemin balisé de ta promenade dominicale. Semer encore les quelques bribes d’une mémoire en sommeil, on ne sait jamais, les souvenirs pourraient repousser, revenir et, avec toi, retenir la nuit qui vient.

jeudi 3 octobre 2013

Twas…

… our day in white satin.

C’était un jour de coton.  Nous marchions à Lisbonne dans le cocon d’une ruelle étroite aux pavés bleus, serrés, souviens-toi, beco da mo. Pas de satin dansés dans la blancheur d’un matin clair, les mains nouées, la tête en l’air. Les murs gazouillaient les notes enjouées de nos murmures heureux. Dans les reflets d’une vitrine oubliée, nous eûmes mille ans quelques instants…