dimanche 30 janvier 2011

Tombé de l’arbre


Je suis tombé de l’arbre un peu trop mûr et tu m’as recueilli (comme tu as de grandes mains !). Tu m’as caressé par les cheveux, en bleu comme une orange mais sans me presser, dans les frimas de la saison morte. Je me suis réveillé. Nous préparions ensemble avec nos fruits les boissons délicates des printemps à venir.

mercredi 26 janvier 2011

Mon bateau ivre


« …Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! »
Arthur Rimbaud. Extrait du Bateau ivre.

Mais, vrai, j'ai trop pleuré…

mardi 25 janvier 2011

Les fantômes du lac d'Annecy




Regardez bien ! Elivira est assise sur le banc de gauche. Moi sur celui de droite. Bizarrement, nous sommes légèrement éloignés. Nous contemplons le lac qui baigne Annecy au couchant rose, calme, paisible, serein. Ensemble, si proches, nous pouvons nous autoriser le silence. Le temps s'écoule lentement, goutte après goutte, il étire les secondes, dilue les minutes, efface les heures.
C'est le froid qui soudain nous réveille, il faut rentrer, nous abriter. Elvira tourne doucement la tête vers la droite, mais le banc est vide ! A mon tour, je regarde vers la gauche, mais elle a disparu. Seuls restent présents bien en chair nos rêves et nos fantômes amusés. La place est haunted, enchantée !
J'ai compris que je ne pourrai jamais transformer Elvira en souvenir. Présence absente, absence palpable, en moi et au-dehors, lointaine et proche, elle est mon fil. Je suis le sien. Nous les déroulons à l'infini…
Regardez bien ! Tous ces fils…

jeudi 20 janvier 2011

A bon port… Giunto in porto… Safe and sound…


Cette petite carte postale pour dire à mes ami(e)s de Flickr que je suis arrivé à bon port. Je voulais les remercier d'avoir accompagné ce voyage en manifestant, chacun de belle manière, leur attachement à quelques années d'échanges et de partages. Je passerai de temps en temps pour les saluer, mais surtout pour savourer le plaisir que procurent leurs belles images. Sachez toutes et tous que je ne pars pas les yeux tout à fait secs. Vous me manquez déjà. Mais de rives en rives, d'une mer à l'autre, d'un port à l'autre…

Questa piccola cartolina per dire agli amici e alle amiche di Flickr che sono giunto in porto. Volevo ringraziarli d’aver accompagnato questo viaggio manifestando, ciascuno con franchezza, il proprio attaccamento a diversi anni di reciproci scambi e condivisione. Ogni tanto passerò a salutarli, ma soprattutto ad assaporare il piacere che le loro belle immagini procurano. Sappiate tutti e tutte che non parto ad occhi completamente asciutti. Mi mancate già. Ma di riva in riva, da un mare all’altro, da un porto all’altro…

This little postcard to tell to my Flickr's friends that I arrived safe and sound. I wanted to thank them for having accompanied this journey by demonstrating, each in a beautiful way, their attachment for these years of exchanges and sharings. I will pass from time to time to greet them, but especially to savor the pleasure to look at their beautiful images. Just know that I'm not leaving the eyes quite dry. I miss you already. But from a shore to another shore, from one sea to another, from one port to another ...

Ma Vénus à moi…


La porte est ici fermée. On touche avec les yeux. Un voile pudique couvre le sein aimé qui pleure tendrement sa larme de cristal. Mais nous restons dans l'imaginaire, dans l'ordre poétique, dans le partage, la création, peut-être le désir ou la sensualité. Rien de plus.
Arriva le jour (qui dura tout un jour et presque toute une nuit), où elle m'ouvrit cette porte et tout le reste avec… Ses yeux, sa bouche, ses seins, son cœur, ah oui son cœur, son très gros cœur, son jardin fleuri, imprégné de rosée, suavité de miel et arômes de safran, figue et noisette… Enfin tous les trésors intimes de ses eaux souterraines. Allez prend tout, je te le donne !
Le rêve était devenu trop consistant. Il ne trouvait plus toute sa place dans les éthers de la pensée. Il bouscula sur son passage la vie de l'amante, la mienne et nos intelligences enfiévrées.
Cette porte ne s'est jamais refermée. Il est peu probable qu'elle se referme un jour.

De l'or en feuilles


Gare à Gênes ! Elle t'attrape sournoisement. Elle te capture et te retient dans son dédale d'ombres et de lumières. Elle expose ostensiblement ses cages dorées, elle te fascine. Elle t'allume, elle t'invite à te fondre en elle, dans sa chaleur ligurienne, dans sa douceur méditerranéenne. Prend garde à Gênes. Cette femme est différente de toutes les autres. Tu découvriras lentement qu'elle ne t'a pas tendu un piège. Qu'elle t'aime depuis toujours, qu'elle t'attendait depuis longtemps et qu'elle te couvrira jusqu'à ton dernier jour. Prend garde à Gênes mais prend aussi grand soin d'elle. Gênes ne sait pas mentir. Elle ne peut qu'accueillir, donner, remplir, et satisfaire. Prend garde à Gênes, mais reste lui fidèle.

L’attraction du rêve


Plus que l'ombre importe le sujet, plus que l'histoire son reflet. C'est l'entre-deux des infinis possibles de la quête, de l'abandon des routines et des joies du sommeil aventureux. Le retour est dans l'aller mais l'aller l'a transformé. On ne part jamais sans revenir, un peu ailleurs, d'une autre consistance, nourri d'autres désirs, prêt à relever d'autres défis. C'est le mystère de la nuit du chasseur, du chasseur de rêves qui, parfois, s'il a visé bien juste, peut accrocher au mur le trophée de sa traque. Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage…

L’aspiration d'un remous


Il venait des profondeurs, elle était tombée de l'arbre. Queue à queue ! Ils ont échoué comme ça un jour de septembre, ensemble sur le banc de sable blond, à l'ombre capricieuse des bois canons. L'attraction centrifuge des habitudes perdues restait forte, impossible de se toucher. Lorsque soudain, dans l'aspiration centripète d'un remous, dans le tourbillon de leur désir, ils se sont enroulés jusqu'à toucher le fond, pour y chercher leur Atlantide. Ils ne firent pas d'enfant.