vendredi 28 novembre 2008

Wax dream


Etats-Unis, août 2008. Quelque part dans un bar baraque à souvenir, petit musée flottant sur la Route 66, peu après Williams (Arizona), lorsque l'asphalte vise Las Vegas. Le juke box détrône à l'aise le baiser de cire que Lucas roule à sa poulette. Il se prend à rêver que la vie rêvée n'est peut-être plus seulement un rêve. En tout cas, c'est sans doute aussi mon délire qui claque à cet instant…

dimanche 16 novembre 2008

Marine d'eau douce

Les chutes du Niagara, un soir d'août 2008. La ville, le mur, la chute. Un immense brumisateur douche la frêle embarcation où se serrent en panique une bonne paire de centaines d'hommes et de femmes en bleu. Je ne sais ni quel rivage ils fuient ni quel désordre ils guettent.

Qu'elle était morte ma vallée !

Ok, j'ai saturé un peu la photo qui, du coup, n'est plus vraiment un point de vue, ni seulement une errance dans la fournaise de la vallée de la mort en Californie. Bien sûr, Wenders et son Paris Texas sont venus perturber légèrement ma première vision de ce qui n'est autre que l'antre lourde d'un enfer désert. Et alors ? Je m'en excuse. Mais j'aime assez les lignes de cette photo qui se perdent dans le mirage d'un vieux sel évaporé…

samedi 15 novembre 2008

Peut-on rire de tout ?

Cette image n'a aucune valeur, ni intrinsèque ni extrinsèque. Au contraire, par ce qu'elle évoque, elle est abjecte. C'est le dernier jouet à la mode en Amérique du Nord, dans tous les entertainment parks familiaux. Ici, dans la ville en plastique de Niagara Falls, côté Canada, moyennant deux petits dols dans la fente, vous verrez ce mannequin réaliste trembler de mort et fumer ses derniers watts. Peut-on rire de tout ? Résolument non.

mardi 11 novembre 2008

Derrière la vitre

Cambodge, février 2008. Des crânes. Quelques dizaines de milliers de Cambodgiens ont été ici exterminés, à Choeung Ek, après des mois d'infâme torture, sous Pol Pot, entre 1976 et 1979. L'idée que nous nous faisons de la mémoire du génocide semble imposer que quelques crânes de victimes soient ici conservés, placés sous cloche, livrés au regard aseptisé de touristes en goguette. Dans un jeu de vitres quelque peu morbide, on accède peut-être ainsi au sanctuaire du souvenir, à la vision directe d'ossements sans mémoire, tragique théâtre d'ombres d'un musée de l'homme improvisé. Balade en paléontologie. Les fantômes du lieu n'ont pourtant pas élu domicile ici, où s'honore, ou se déshonore, l'esprit de milliers de victimes… Ils sont restés et resterons en nous.

mardi 4 novembre 2008

Deux garçons dans la ville

San Francisco, août 2008. Ferdinand et Lucas, deux redoutables cousins, sont descendus faire les bars de Mission. Ils sont armés d'un portable, potentiellement dangereux, prêts à décrocher si qui que ce soit vient les sonner. Ce jour-là, ça n'arrivera pas. Tout en restant méfiants, il ne descendront que leur Special Label Beer Buckhorn.

lundi 3 novembre 2008

…de nos rétines éteintes

Great Sand Dunes, Etats-Unis 2008. Il n'y a dans cette image aucune poésie, aucun regret, aucune contemplation. C'est une photo sans complaisance qui porte avec une force discrète le poids des années de la terre. L'impermanence de nos racines. Juste une matière, des matières à mâcher patiemment, un mastiquage durable propre à guérir la douleur sourde de nos rétines éteintes.

dimanche 2 novembre 2008

La marmite marrakchi

Sur la place Jemaâ el Fna, février 2008. La nuit tombée, une immense marmite humaine bouillonne dans un charivari de chaudrons et de cris, un tourbillon de poussières et de lumières, de fumées et de méchouis. Têtes et tripes d'agneau, hariras et chorbas, poissons grillés, tajines, merguez, d'épais fumets s'échappent de cette galerie des sens et des couleurs. A s'y fondre la gueule.